Garantir et élargir l’accès à l’avortement en Colombie

En Amérique latine en 2020, 97 % des femmes en âge de procréer vivaient dans des pays imposant des lois restrictives en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG)(1). Le recours libre à l’IVG n’était possible que dans trois pays : Cuba (depuis 1965), le Guyana (2006) et l’Uruguay (2012). Après plusieurs années de débats parlementaires et avec l’appui massif des femmes descendues dans les rues, l’Argentine a à son tour légalisé l’avortement fin 2020. Cette victoire historique constitue un signal fort pour l’ensemble du sous-continent et renforce la mobilisation des féministes, notamment au Mexique ou en Colombie.

LA SITUATION HUMANITAIRE EN COLOMBIE
Plus de 4 ans après les accords de paix entre le gouvernement colombien et les FARC, la situation humanitaire reste très préoccupante dans plusieurs régions du pays. En raison
du contexte sécuritaire, de la géographie du territoire et de la localisation des communautés dans des zones reculées, l’accès humanitaire reste un défi, particulièrement dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Médecins du Monde estime que 6,7
millions de Colombien∙nes sont dans le besoin, dont 5,7 millions nécessitent une aide humanitaire.

Le contrôle social sur le corps des femmes par des groupes armés dans divers territoires persiste et le nombre de signalements de violences sexuelles ou d’autres violences basées sur le genre augmente de manière alarmante.


L’ACCÈS À L’AVORTEMENT
Depuis 2006, l’avortement est dépénalisé en Colombie dans trois circonstances : en cas de détresse psychologique de la mère, de foetus non viable ou de viol. Toutefois, seuls 74 500 avortements ont été pratiqués légalement entre la mise en place de ce nouveau régime en 2006 et janvier 2020. À titre de comparaison, les autorités estiment à 400 000 le nombre d’avortements clandestins pratiqués chaque année dans le pays.


De nombreux obstacles persistent dans l’accès à l’IVG :

  • La méconnaissance du cadre juridique par la population et son interprétation restrictive par les autorités,
  • Des défaillances générales dans le système de santé, accentuées par les conflits armés et, plus récemment, l’épidémie de Covid-19,
  • • La hausse des poursuites et des condamnations pour crime d’avortement : de 130 cas présentés en 2005 à 416 en 2018.

LA MESA POR LA VIDA Y LA SALUD DE LAS MUJERES

Créé en 1998, la Mesa por la Vida y la Salud de las Mujeres (la Table pour la Vie et la Santé des Femmes) est un collectif féministe colombien – auquel participe Médecins du Monde – qui défend les droits sexuels et reproductifs. Il milite plus particulièrement
pour le renforcement et l’élargissement du cadre juridique afin de :

  • Consolider et élargir le cadre juridique pour garantir l’accès à l’IVG en évitant les reculs,
  • Lutte contre les risques de criminalisation des femmes ayant recours à l’IVG,
  • Améliorer l’accès des femmes et des filles à l’avortement légal, à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.

 

LES ACTIONS À HORIZON 2022

La Mesa por la Vida y la Salud de las Mujeres articule ses actions 2019-2022 autour de deux grands objectifs de travail :

• Consolider et élargir le cadre juridique pour garantir l’accès à l’IVG
À travers des actions nourries de plaidoyer, La Mesa por la Vida y la Salud de las Mujeres vise à faire évoluer le cadre législatif et jurisprudentiel, mais aussi les politiques publiques, en matière d’accès à l’avortement sûr et légal. Elle participe ainsi activement aux actions du collectif Causa Justa.

• Améliorer l’accès des femmes et des filles à l’avortement légal
En soutien de leurs actions de plaidoyer, les équipes de La Mesa contribuent à alimenter le débat national grâce à des travaux de recherche, l’analyse et le suivi de l’impact de la dépénalisation partielle de l’avortement, des formations auprès des autorités sanitaires, judiciaires et administratives et des interventions dans les médias.